L’évaluation : le travail à l’œuvre

GUIHARD Jean-Philippe

Université de Provence, Aix Marseille 1

Département des Sciences de l’Éducation

HÔTEL-DIEU , 1, Avenue de Verdun

13410 LAMBESC

Mémoire réalisé dans le cadre de la validation pour l’obtention du D.E.S.S. « missions et démarches d’évaluation »

Mémoire présenté par Jean-Philippe Guihard

Directeur de mémoire : M. Jacques Ardoino

Mis en ligne le lundi 27 septembre 2004 à 15h36, par guihard

Résumé :

L’évaluation renvoie à la valeur dans toute sa polysémie. Elle est ainsi métrologie, axiologie, contrôle et estimation et chacune de ses perspectives porte en elle une vision de l’homme et du monde. Or, se situer c’est avoir des points de repère qui nous permettent de savoir d’où nous venons et où nous allons sans connaître notre arrivée. Il est donc important de savoir d’où l’on parle et dans quel champ nous nous situons quand nous pratiquons tel ou tel type d’évaluation car faire passer un bilan n’est pas la même chose que de faire un entretien. La promotion farouche de l’objectivité et de la preuve ne peut que nous laisser perplexe car elle est dégagée de toute réarticulation des différentes perspectives en jeu. La mutation des pratiques thérapeutiques d’évaluation fait que la clinique se transforme en examen instrumentalisé comme si le corps et le cœur faisaient peur. Ainsi promouvoir une relation intersubjective n’est pas la même chose que de se focaliser sur la conformité. Ce débat récurent nous fait entrevoir qu’il doit exister, non pas une troisième voie mais une voie qui lie et lit les deux en même temps. Il ne s’agirait pas d’un entredeux caricatural mais d’une posture ontologique qui ne dissocierait que pour mieux réarticuler et ainsi, envisager un autre niveau de réalité.

Cette discussion, nous avons tenu à la lier à la notion d’activité humaine, à celle de travail. En effet, l’ergothérapie de part son étymologie a à voir avec l’activité et trop souvent elle est confondue avec le travail en tant qu’il est fabrication d’objet. Or, le radical ergon, le mot « travail » sont beaucoup plus complexes. Comme l’évaluation, ils renvoient à des mondes différents suivant que nous envisageons l’ergon comme production d’objet ou de soi. S’agit-il alors de définir l’ergothérapie comme prise en charge des troubles du travail par la mise en situation de travail ou la prise en charge des troubles de l’activité humaine par la mise en situation d’activité humaine ? De même que la clinique disparaît derrière l’examen instrumentalisé, les pratiques de l’ergothérapie emboîtent le même pas, mettant au placard les activités dites artisanales pour se cacher derrière la technologie et le bilan, de préférence validé.

Ces deux notions - évaluation et travail – se rejoignent trop souvent car elles portent des ontologies que l’on veut nous faire croire opposées, guerrières. À n’en rester qu’au niveau des évidences, des logiques toutes faites et conformes, nous nous laissons piéger par des discours qui prônent le transparent, l’identique et l’absolu de la preuve. Comme nous le verrons, la vie est plus complexe et les mots portent leurs propres maux. Cela nécessite de pouvoir supporter la parole de l’autre et de sortir du « paradogme » stérile de l’homme comme animal bio-psycho-fiscal.

Mots clé : ergothérapie, travail, évaluation, métrologie, axiologie

Voir en ligne : Le site de M. Jacques Ardoino

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